Dans son sommaire, le numéro d’été de la revue Prochoix propose une très longue interview de Yves Deloison à propos du livre Pourquoi les femmes se font toujours avoir ? Le numéro est en vente ici.
Extrait : « On pourrait décrire ton livre comme un mode d’emploi du féminisme au quotidien : est-ce que cette définition te convient ?
Oui et non. Dans la situation actuelle, le féminisme est indispensable pour favoriser la prise de conscience et mener des combats. Il en reste tant à gagner. Et puisqu’on tourne en rond et que rien ne change fon- damentalement, le féminisme garde toute sa pertinence. En ce sens, on peut assimiler mes parti-pris comme féministes. Ils le sont et je l’as- sume. Mais le féminisme n’est voué à perdurer que dans un contexte où les femmes pâtissent des inégalités. Je milite donc pour la fin du féminisme !
J’explique par ailleurs que les hommes continuent à se conformer à un modèle masculin stéréotypé. Eux-aussi gagneraient à en prendre conscience. Certains trouveraient leur compte à s’investir plus dans la sphère privée. Mais la société n’est pas encore prête pour cela. Ceux qui aspirent à un meilleur équilibre vie pro/vie perso n’y parviennent pas. Néanmoins, ils ne vivent pas ce que vivent les femmes. Mon livre s’apparente plutôt à un mode d’emploi pour favoriser l’émancipation, pour sortir du carcan, identifier de nouveaux repères afin de trouver sa place plus librement, non pas en fonction du sexe d’appartenance, mais de sa personnalité.
Est-ce que cela veut dire qu’en 2013, les revendications féministes doivent encore être expliquées aux femmes ?
Persuadées d’avoir gagné tous les combats, nombre d’entre elles pensent que tout est réglé. Mais si tel est le cas, pourquoi les chiffres concernant les femmes restent-ils si accablants ? Plus que des revendications féministes, il s’agit surtout de comprendre la mécanique en place, celle qui génère les disparités.
D’ailleurs, quel rapport y a-t-il entre le « féminisme » qui défend l’idée de complémentarité entre les femmes et les hommes et celui qui milite pour qu’on libère les individus des rôles stéréotypés et du conditionnement ?
J’ai trouvé judicieux le commentaire ironique d’une internaute sur le site des Nouvelles News qui disait : « Oui, la complémentarité, c›est super. La femme qui cuisine est complémentaire de l’homme qui mange. La femme qui nettoie est complémentaire de l’homme qui salit. La femme qui écoute est complémentaire de l’homme qui parle. La femme qui subit est complémentaire de l’homme qui agit. La femme qui reçoit les coups est complémentaire de l’homme qui les donne. » Ce discours sur la soi-disant complémentarité continue de forger les disparités. Tant qu’on n’en sortira pas, rien ne bougera. Le combat doit porter avant tout sur les mentalités. »