Sa démonstration est implacable. Dans son dernier livre Pourquoi les femmes se font toujours avoir – Mode d’emploi pour que cela change enfin, le journaliste et blogueur Yves Deloison n’y va pas par quatre chemins. A grand renfort de statistiques, d’exemples concrets, de témoignages et de réflexions, ce spécialiste du monde du travail dresse un constat peu reluisant de la situation des femmes dans la société. Au-delà du simple bilan, son livre déculpabilisant propose aussi de nombreuses pistes pour changer la donne. Rencontre avec un fervent défenseur de l’égalité des sexes.
ELLE.fr. « Pourquoi les femmes se font toujours avoir », derrière ce titre il y a une volonté de provoquer, d’interpeller ? Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ?
Yves Deloison. Au départ, ce n’était vraiment pas une provocation de ma part mais tant mieux si mon titre interpelle. Je me suis toujours intéressé à la place des femmes dans la société. Déjà ado, je ne comprenais pas pourquoi on ne pouvait pas imaginer qu’une femme puisse devenir présidente de la République. Ou alors que l’on s’étonne tant de voir une femme présenter le JT de 20h pour la première fois. A l’époque, cela semblait même déranger pas mal de gens. Tout ça me heurtait. Plus tard, en tant que conseiller d’orientation, je me suis rendu compte que les femmes se cantonnaient à des parcours très stéréotypés. Elles se dirigeaient toujours vers des secteurs ou des métiers qui étaient soit bouchés, soit moins rémunérateurs, soit peu évolutifs. En sortant du champ du travail, j’ai compris que ce conditionnement était bien plus global. Se conforme-t-on à ce qu’on attend de nous parce qu’on est un homme ou une femme ? Peut-on construire un parcours qui s’émancipe de cela ? C’est à ces questions fondamentales que je tente de répondre dans le livre.
ELLE.fr. On demande aux femmes de réussir dans tous les domaines, que ce soit personnel ou professionnel et de « concilier l’inconciliable », comme vous le dites. Les femmes peuvent-elles être sur tous les fronts ?
Yves Deloison.La question se pose aux femmes mais elle ne devrait pas se poser de cette manière-là. On leur en demande toujours plus, dans tous les domaines de leur vie, alors que les hommes eux restent cantonnés essentiellement à la sphère professionnelle. Et comme si cela ne suffisait pas, les magazines et autres guides de développement personnel mettent toujours la barre un peu plus haut : mesdames organisez-vous mieux, mesdames soyez encore plus au taquet, plus en forme, toujours plus belles, plus épanouies etc. En plus de leur carrière, et d’une éventuelle implication sociale ou politique, il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui encore les femmes gèrent à peu près 75 à 80% des charges familiales et domestiques. On voit bien qu’il y a des blocages de toutes parts. D’un côté les hommes ont du mal à lever le pied pour s’impliquer davantage dans la sphère privée, et de l’autre certaines femmes aussi n’arrivent pas à lâcher leur pouvoir, qui est celui de la maison et des enfants. Et il est là le piège.
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